Souffrez-vous de dépression?
Chacun de nous se sent triste ou un peu déprimé à l’occasion, mais ces sentiments disparaissent après quelques jours. Toutefois, lorsqu’une personne souffre de dépression, son état fait interférence avec sa vie quotidienne et son fonctionnement normal. Le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) estime qu’un Canadien sur cinq est aux prises avec la dépression dans toute année donnée. La dépression est un trouble mental grave, et la plupart des gens qui en souffrent ont besoin d’un traitement pour aller mieux.
Voici un aperçu des types de dépressions les plus courants :
Trouble dépressif caractérisé. Également appelée dépression clinique, elle est caractérisée par une combinaison de symptômes qui nuisent à la capacité de travailler, de dormir, de manger et de profiter de la vie en général. Un épisode de dépression caractérisée peut se produire une seule fois ou deux fois, mais plus souvent, la personne dépressive subit plusieurs épisodes (dépression récurrente). Si les symptômes sont saisonniers, il s’agit de ce que l’on appelle couramment le trouble affectif saisonnier.
Trouble dépressif persistant (dysthymie). Le trouble dépressif persistant s’accompagne de symptômes chroniques qui peuvent durer deux ans ou plus. Ces symptômes ne sont pas invalidants, mais ils empêchent la personne de fonctionner « à pleine capacité » ou de se sentir bien. Parfois, les gens souffrant de ce genre de trouble vivent également des épisodes de dépression caractérisée.
Trouble dysphorique prémenstruel. Il s’agit d’un changement d’humeur radical, qui se manifeste par un état dépressif et de la colère au cours de la semaine qui précède les règles et qui se résorbe une semaine après l’arrêt des saignements.
Dépression post-partum. Elle est diagnostiquée quand une nouvelle mère vit un épisode de dépression caractérisée dans le mois ou l’année qui suit l’accouchement.
Symptômes de la dépression
Les personnes souffrant de dépression ne présentent pas nécessairement tous les symptômes qui y sont associés. Certaines affichent peu de symptômes, d’autres, un grand nombre de symptômes, dont la fréquence et la gravité, peuvent varier d’une personne à l’autre.
Voici les symptômes de la dépression :
- sentiments persistants de tristesse, d’angoisse ou de vide
- pessimisme ou sentiment de désespoir
- sentiment de culpabilité, d’inutilité ou d’impuissance
- perte d’intérêt pour les passe-temps et les activités apprécié(e)s auparavant (notamment les rapports sexuels) et perte de plaisir
- troubles du sommeil (difficulté à s’endormir ou à rester endormi, ou trop dormir)
- hyperphagie ou anorexie
- fatigue, manque d’énergie ou impression d’être « au ralenti »
- pensées associées à la mort ou au suicide, ou tentatives de suicide
- agitation ou irritabilité
- difficulté à se concentrer, à se souvenir de certaines choses ou à prendre des décisions
- symptômes physiques persistants qui ne réagissent pas aux traitements, comme les maux de tête, les troubles digestifs et les douleurs chroniques
Causes de la dépression
Il n’existe pas de cause unique de la dépression. Elle peut résulter d’une combinaison de facteurs génétiques, biochimiques, environnementaux et psychologiques.
Les maladies et les troubles dépressifs sont des troubles du cerveau. On sait que les technologies d’imagerie cérébrale, comme l’imagerie par résonance magnétique (IRM), montrent que le cerveau des personnes souffrant de dépression est différent de celui des personnes non dépressives. Les régions du cerveau qui sont associées à l’humeur, à la pensée, au sommeil, à l’appétit et au comportement semblent différentes. Toutefois, ces images ne révèlent pas la cause de la dépression et ne peuvent être utilisées pour diagnostiquer la dépression.
Certains types de dépressions touchent plusieurs membres d’une même famille. Cependant, la dépression peut affecter des personnes qui n’ont aucun antécédent familial de dépression. Les scientifiques étudient actuellement certains gènes susceptibles de rendre certaines personnes plus sujettes à la dépression. Certaines recherches en génétique ont révélé que le risque de dépression est lié à l’influence de plusieurs gènes qui agissent parallèlement à des facteurs environnementaux ou autres.
Quand on vit une expérience douloureuse (comme le décès d’un parent proche, une perte d’emploi ou de graves difficultés relationnelles), cela peut déclencher un épisode dépressif. Certains types de maladies chroniques ou graves peuvent également causer la dépression ou y contribuer, que ce soit à cause des effets de la maladie elle-même ou des médicaments utilisés pour la traiter : accident vasculaire cérébral (AVC), cancer, sida, maladies cardiaques, diabètes, troubles hormonaux, maladies de Parkinson et d’Alzheimer. Certains épisodes dépressifs peuvent survenir sans déclencheur évident.
Options thérapeutiques
La plupart des personnes souffrant de dépression (même lorsque les troubles sont graves) peuvent bénéficier d’un traitement. Un traitement efficace commence par une visite chez votre médecin pour trouver les causes médicales du problème. S’il ne détecte aucune maladie ou affection susceptible de causer la dépression, l’étape suivante est l’évaluation psychologique. Le médecin peut vous aiguiller vers un professionnel de la santé mentale, qui discutera plus en détail de vos symptômes avec vous.
Une fois qu’un diagnostic est posé, le traitement peut commencer, de plusieurs façons. Les traitements les plus courants sont les médicaments et la psychothérapie, ou les deux.
Médicaments. Un médecin peut prescrire des antidépresseurs ou d’autres médicaments potentiellement utiles. De nombreuses personnes sont inquiètes à l’idée de prendre des médicaments. Le fait d’avoir peu de neurotransmetteurs est un des facteurs biologiques pouvant contribuer à la dépression, et cela peut se traiter avec des médicaments. Une personne qui prend des médicaments pour traiter sa dépression n’est pas différente d’un diabétique qui a besoin d’insuline ou d’une personne qui prend des médicaments pour corriger son hypertension. La prise de médicaments contre la dépression fait souvent l’objet de stigmatisation. Il est important de travailler avec votre médecin pour déterminer quels médicaments répondront le mieux à vos besoins. Vous devrez peut-être en essayer quelques-uns au début, tout en consultant votre médecin jusqu’à ce que vous trouviez le médicament qui vous convient.
Certaines personnes se remettent parfaitement grâce aux médicaments, d’autres, grâce à la psychothérapie. Pour certains, une combinaison des deux est nécessaire.
Psychothérapie ou thérapie par le dialogue. La psychothérapie est une forme de traitement qui peut aider une personne à renforcer ses aptitudes en résolution de problèmes, à être moins anxieuse et moins déprimée, à établir des liens avec autrui et à acquérir des habiletés sociales, et même à donner un meilleur rendement au travail. Des études ont montré que la psychothérapie est efficace pour traiter les problèmes de santé mentale les plus courants.
Antidépresseurs
Les antidépresseurs se combinent aux substances chimiques naturellement présentes dans le cerveau, qu’on appelle neurotransmetteurs, par exemple, la sérotonine, la norépinéphrine ou la dopamine. Voici les différents types d’antidépresseurs :
Inhibiteurs spécifiques de la recapture de la sérotonine (ISRS) et inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la norépinéphrine (IRSN). Les ISRS influent sur une substance chimique du cerveau, la sérotonine, et les IRSN, sur deux substances chimiques, la sérotonine et la norépinéphrine. Les ISRS sont souvent le premier type d’antidépresseurs que le médecin va recommander, en partie parce qu’ils ont souvent moins d’effets secondaires que les autres types.
Antidépresseurs atypiques. Certains antidépresseurs sont qualifiés d’atypiques parce qu’ils agissent différemment des ISRS et des IRSN. Un de ces antidépresseurs prescrits le plus souvent est le bupropion, qu’on utilise à la fois pour traiter la dépression et pour la prévenir chez les personnes souffrant d’un trouble affectif saisonnier. Les autres médicaments appartenant à cette catégorie sont la trazodone et la mirtazapine.
Antidépresseurs tricycliques. Il s’agit d’un groupe plus ancien d’antidépresseurs, dont le nom vient de leur structure chimique. Ils peuvent être prescrits à des gens qui ne peuvent pas prendre d’ISRS ou d’IRSN, ou chez qui ces médicaments ne font pas vraiment effet.
Inhibiteurs de la monoamine-oxydase (IMAO). Les IMAO sont les plus anciens antidépresseurs; pour certaines personnes, ils sont plus efficaces que les autres médicaments. Mais les personnes qui en prennent doivent éviter certains aliments et certaines boissons, comme le fromage, les aliments fermentés et le vin rouge.
Le médecin devra peut-être essayer divers types d’antidépresseurs et en ajuster le dosage pour trouver celui qui vous convient.
Un médecin vous a-t-il prescrit des antidépresseurs?
Faites ce qui est recommandé ci-après :
Informez-vous à propos des effets secondaires. Déterminez également s’il faut faire des tests pour surveiller les effets du médicament sur votre corps.
Soyez patient. Il faut parfois du temps pour trouver le bon médicament. Restez en contact étroit avec le médecin qui vous a prescrit les antidépresseurs et signalez-lui tout effet secondaire et les éventuels bienfaits que vous observez.
Avant de cesser de prendre un médicament, parlez-en toujours à votre professionnel de la santé, même si vous vous sentez mieux. Il faut arrêter graduellement la prise de certains médicaments pour donner au corps le temps de s’adapter. Si vous souffrez d’un trouble bipolaire ou de dépression caractérisée chronique, vous devrez peut-être prendre un médicament chaque jour pour prévenir les symptômes invalidants.
Si vous prenez des IMAO, n’oubliez pas que vous devrez éviter les aliments fermentés, le fromage, le vin, le pamplemousse et les cornichons. Demandez une liste complète des aliments à éviter et conservez-la toujours avec vous.
Ne mélangez jamais les médicaments (d’ordonnance, sans ordonnance ou empruntés) sans en parler avant à votre médecin. Si votre dentiste ou un autre professionnel de la santé vous prescrit un médicament, dites-lui que vous prenez des antidépresseurs. Certains médicaments qui sont sans danger quand on les prend seuls peuvent le devenir s’ils sont combinés à d’autres.
Évitez l’alcool, ce qui inclut la bière, le vin et les spiritueux. L’alcool peut réduire l’efficacité des antidépresseurs. Demandez à votre médecin comment vous préparer à des situations où de l’alcool pourrait être servi.
Appelez votre médecin traitant si vous avez une question à propos de n’importe quel médicament ou si vous avez un problème qui, selon vous, pourrait être lié à un médicament.
Les antidépresseurs peuvent aussi amplifier le risque de pensées suicidaires chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. Les membres de ces trois groupes doivent être suivis de près par des professionnels de la santé s’ils prennent des antidépresseurs, surtout durant les premières semaines du traitement.
Psychothérapie
Plusieurs types de psychothérapies aident à lutter contre la dépression :
Thérapie cognitivo-comportementale (TCC). C’est une forme de thérapie de courte durée dont on sait qu’elle aide à traiter certains types de dépressions. Les thérapeutes utilisant la TCC aident leurs patients à modifier leurs schèmes de pensée et leurs comportements négatifs, souvent associés à la dépression.
Thérapie interpersonnelle (TIP). Ce type de thérapie aide les gens à comprendre et à gérer les difficultés qu’ils vivent dans le cadre de leurs relations personnelles, et qui peuvent causer une dépression ou l’aggraver. Les thérapeutes peuvent vous aider à découvrir ce qui justifie vos actions, par exemple des expériences passées.
Les thérapeutes utilisent souvent diverses formes de psychothérapie, adaptant le traitement aux besoins de leur patient. Il n’existe aucune psychothérapie qui fonctionne de façon universelle. Le degré d’aisance et de confiance entre le patient et son thérapeute est plus important que le type de thérapie utilisé.
Une dépression grave ou récurrente se traite habituellement avec des médicaments et de la psychothérapie, mais une combinaison de traitements globaux aidera à améliorer votre mieux-être en général.
Marche à suivre pour obtenir de l’aide et du soutien
Si vous pensez souffrir de dépression, consultez un professionnel le plus tôt possible. Certaines études ont révélé que, plus vous attendez, plus vous aurez de problèmes par la suite. Vous pouvez aussi vous aider vous-même en faisant ce qui suit :
Essayez de rester actif ou de faire de l’exercice. Faites des choses que vous aimiez faire avant, comme aller au cinéma, voir un match ou vous promener dans votre parc préféré. Prenez part à des activités sociales, religieuses ou autres, qui ont de l’importance pour vous.
Fixez-vous des objectifs réalistes. Concentrez-vous sur ce qui vous paraît possible à accomplir, pas sur ce que les autres pensent que vous « devriez » accomplir.
Répartissez les tâches importantes en une série de petites tâches et établissez des priorités. Faites ce que vous pouvez à votre rythme. Dites-vous que vous allez consacrer 10 à 15 minutes à une tâche donnée. Ensuite, si vous voulez travailler plus longtemps, c’est parfait.
Ayez des attentes réalistes. Si vous vous fixez des attentes trop élevées, à trop brève échéance, cela peut accentuer votre sentiment d’échec si vous ne répondez pas à ces attentes. Félicitez-vous pour vos progrès, même les plus minimes.
Essayez de passer du temps avec d’autres personnes. Parlez à un ami ou à un parent en qui vous avez confiance, et évitez de vous isoler.
Reportez certaines décisions importantes dans votre vie, par exemple un changement d’emploi, un mariage ou un divorce, tant que vous ne vous sentirez pas mieux. Si vous devez prendre une grosse décision, parlez-en aux gens qui vous connaissent bien.
Attendez-vous à une amélioration graduelle et non instantanée. Ne supposez pas que vous pouvez sortir de ta dépression d’un seul coup ou observer des progrès immédiats. Vous pouvez appeler une ligne d’écoute comme WarmLine (en anglais seulement). Une ligne d’écoute est une ligne sans frais gérée par des pairs et dotée de personnes qui vous font part de stratégies d’adaptation, vous apportent du soutien et vous écoutent.
N’oubliez pas que vous pouvez remplacer vos pensées négatives par des pensées positives. Les pensées négatives font partie intégrante de la dépression. Elles s’allégeront ou disparaîtront quand votre dépression réagira au traitement.
Joignez-vous à un groupe d’entraide. Vous pouvez vous joindre à des groupes d’entraide en ligne ou en personne, comme eSantéMentale ou Depression Hurts. Vous pouvez également demander à votre médecin de vous en suggérer d’autres ou de vous orienter vers des organismes qui pourraient vous aider.
Obtenez l’aide d’un professionnel
Si vous souffrez de dépression et ne savez pas vers qui vous tourner pour obtenir de l’aide, commencez par en parler à votre professionnel de la santé. Voici d’autres ressources qui peuvent vous aider ou vous aiguiller :
Les professionnels de la santé mentale, comme les psychiatres, les psychologues, les travailleurs sociaux et les conseillers religieux qui ont reçu une formation spéciale en counseling.
Les ressources communautaires, dont la famille et les services sociaux, et les centres, programmes et cliniques de soins de santé mentale.
Les organisations et organismes nationaux. Faites une recherche en ligne ou demandez à votre médecin une liste d’organismes réputés dans votre région.
Si vous avez des pensées suicidaires
Demandez de l’aide sans tarder si, en raison de votre dépression, vous pensez à vous faire du mal ou à en faire à autrui. Pour de l’aide immédiate :
Composez le 911 ou rendez-vous à l’hôpital. Demandez à un ami ou à un parent de vous aider à le faire si vous en êtes incapable. Il y a des psychiatres de garde dans les hôpitaux et les services d’urgence. Si vous avez besoin d’une évaluation immédiate, c’est le moyen le plus rapide de consulter un professionnel.
Appelez votre médecin. Soyez honnête et direct. Votre médecin ne pourra vous aider qu’en s’appuyant sur l’information que vous lui donnerez. Vous devriez lui dire comment vous vous sentez et à quoi vous pensez.
Appelez une ligne d’écoute. Vous pouvez appeler Parlons suicide Canada, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, au 1 855 484‑8255.